Les kanji (漢字) sont l’un des deux systèmes qui constituent l’écriture japonaise.
Autrefois, le Japon n’avait pas d’écriture, le Japonais était une langue uniquement parlée. C’est vers le Vème siècle que les caractères chinois furent importés au Japon, auprès de la (future) cour impériale alors basée à Yamato (大和) (bassin de Nara).
Ces caractères chinois, les kan-ji (littéralement, caractères de la dynastie Han) étaient des idéogrammes dont la forme évolua au cours des siècles pour devenir les kanji que les japonais utilisent aujourd’hui. Comme la grammaire d’une langue, la forme des kanji obéit à un ensemble de règles. Chaque kanji est constitué d’un radical, le bushu (部首). Par exemple, le caractère 明 qui signifie “clair” est constitué du radical 日 (“soleil”), auquel on ajoute 月 (“lune”). Si beaucoup de caractères correspondent directement à une idée, certains n’ont de sens précis que dans un mot.
Chaque kanji posséde la plupart du temps au moins deux prononciations: la prononciation on (音読み on-yomi) et la prononciation kun (訓読み kun-yomi), la première proche de la prononciation chinoise originelle, la seconde originaire de la langue japonaise ancienne et associée au kanji. En général, la prononciation on est utilisée lorsque le kanji fait partie d’un mot de 2 caractères ou plus, et la prononciation kun lorsque le kanji forme un mot à lui seul, (bien qu’il y ait des exceptions). Par exemple, le caractère 女 (“femme”) seul se prononce onna (=kun-yomi), mais lorsqu’il est utilisé dans le mot 女子 (“fille”), il se prononce jo (on-yomi), pour former le mot joshi.
L’avantage des kanji est qu’il n’est pas possible de faire de fautes d’orthographe. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car l’écriture des kanji doit se faire selon un ordre bien déterminé 書き順 kakijun. En outre, il est facile d’oublier un trait, et le kanji qui en résulte peut avoir un sens tout à fait différent. Par exemple, si j’ajoute un trait au caractère 皿 (“assiette”), cela devient 血 (“sang”). Attention donc.
Combien y a-t-il de kanji? Sans doute plus de 50 000, mais heureusement, en connaiître 2500 est suffisant pour lire le journal. Le Ministère de l’Education et de la Culture Japonais 文部科学省 Monbu Kagaku shô a d’ailleurs désigné 1945 kanji d’ “usage courant” 常用漢字 jôyô kanji, qui sont considérés comme suffisants pour se débrouiller dans la vie courante. Les enfants japonais apprennent ces 1945 caractères pendant la période de scolarité obligatoire (càd jusqu’en 3ème secondaire, 15 ans). Les 1006 premiers kanji sont assimilés pendant les 6 années d’école primaire (小学校 shô-gakkô), et le reste durant les 3 années du secondaire inférieur (中学校 chû-gakkô). Les kanji appris dans le secondaire supérieur (高等学校 kôtô-gakkô) et à l’université sont du “bonus” (du vocabulaire spécialisé, des kanji utilisés dans les noms propres, etc).
Comment est-il possible d’assimiler tous ces caractères? Il n’y a pas de secret, il faut y passer du temps. C’est ce que font les japonais, et apparemment, c’est loin d’être une tâche impossible, puisque le taux d’alphabétisation au Japon est de 99%!