Ce jeu bien connu est extrêmement répandu au Japon, et étonnemment, pas seulement parmi les enfants.

Nul n’est sans ignorer le jeu “pierre-papier-ciseaux”, car nous y avons tous joué dans les cours de récréation. Mais j’ai été surpris de constater que sa variante niponne, le “janken” じゃんけん (ou “janken poi” じゃんけんぽい), est non seulement plus élaborée, mais aussi utilisée dans des situations de la vie courante que je n’aurais pas imaginées.

Le jeu

Les règles du jeu sont essentiellement les mêmes que chez nous: les joueurs crient à l’unisson “jan-ken-poi!” et sur le “poi!”, chacun affiche d’une main l’un des éléments parmi:

  • ぐー (), la pierre (poing fermé)
  • ちょき (choki), les ciseaux (index et majeur formant un “V”)
  • ぱー (), le papier (main ouverte)

Notons que , choki et ne signifient pas littéralement “pierre”, “ciseaux” et “papier”, mais sont plutôt des onomatopées qui les rappellent (gu signifiant “serrer fort”, choki-choki rappelle le bruit des ciseaux et pa signifie “subitement, d’un coup” –car on ouvre sa main d’un coup).

Les variantes

Le janken-poi posséde une multitude de variations. La plus courante selon moi, est aikodesho (あいこでしょ): si sur jan-ken-poi, tous les participants sortent le même élément, ils crient “aiko-de-sho!” et affichent le signe de leur choix. Aikode-sho continuera jusqu’à ce qu’un (ou des) gagnants se démarquent.

D’autres variantes sont plus complexes, comme le janken-poi-poi (où chaque participant affiche deux signes consécutivement, puis peut en changer l’un et enfin en retirer l’un des deux), sans oublier les variantes chantées, incluant des gages, etc. La liste est longue.

Pas qu’un jeu d’enfant

Pierre papier ciseaux

Vendeur jouant à pierre papier ciseaux avec des clients, pour la vente d’articles à prix cassés.

Mais le plus amusant, c’est qu’au Japon, le jeu de “pierre-papier-ciseaux” n’est pas seulement pratiqué dans les cours de récréation. Un jour, je participais à une vente de matériel de camping à prix d’usine. Pour l’occasion, le magasin avait décidé de proposer un nombre limité d’articles à des prix battant toute concurrence. Cependant, le stock étant limité et les acheteurs intéressés très nombreux, le vendeur annonça que les produits seraient vendus au gagnant… d’une partie de “janken”! Je me demandais comment jouer à pierre papier ciseaux avec un si grand nombre de participants. Mais, les Japonais étant relativement habitués à ce genre de tirage au sort, les gagnants n’ont pas eu de mal à se démarquer. Les participants criaient: JAN-KEN-POI!!!, et tous ceux qui avaient sorti un signe plus fort que le vendeur restaient. Après avoir répété le manège quelques fois, il ne resta plus que 3 ou 4 participants, qui eurent l’honneur d’acheter les articles tant prisés. C’était amusant de voir que personne ne trichait (alors que cela aurait été facile vu le monde. Ceci illustre une fois de plus le sens de l’honnêteté (de l’honneur?) chez les Japonais.

Autre anecdote. On m’a raconté qu’une partie de “janken” avait un jour véritablement marqué l’avenir de trois étudiants. Ceux-ci terminaient leurs études universitaires, et étaient à la recherche de leur premier emploi. Ils partageaient la même spécialité et souhaitaient postuler pour un job dans la même grosse entreprise. Il est de coutume, au Japon, que l’université “recommande” certains (très bons) étudiants aux grandes entreprises afin de faciliter la sélection de nouvelles recrues. Or, comme il n’y avait qu’une place disponible et que les performances des trois étudiants ne permettant pas de désigner un gagnant, ceux-ci jouèrent leur sort… au “janken”.

Vrai ou pas? Quoi qu’il en soit, tant qu’a tirer au sort, une partie de “janken” vaut aussi bien qu’un tirage à l’amida-kuji, ne trouvez-vous pas?